poesie

Poésie en ballade 140323

Diffusé le 19/03/2023

Laurent Keller lit des textes de Anouk & Pauline Delabroy-Allard et de Grisélidis Réal.


Anouk & Pauline Delabroy-Allard, Enracinées (éditions L’Iconopop, 2023).Couv_Enracinées Les autrices sont soeurs, elles ont écrit ce recueil en réponse l’une aux textes de l’autre. En parcourant leurs souvenirs d’enfances, on croise leurs parents, une maison qui se dédouble, puis leurs vies de jeunes femmes qui s’éloignent. Pauline Delabroy-Allard avait déjà publié « Maison tanière » chez L’Iconopop, on retrouve donc le motif d’une maison. Le lien familial, qui s’était distendu, est renoué avec vigueur par les histoires que racontent ces poèmes. Où l’on reconnaît ses joies et ses détresses quand on traverse le chemin vers la parenté à son tour. L’aînée n’est plus la grande soeur d’une enfant, elle trouve les mots pour le dire. Pauline Delabroy-Allard a parlé de la joie matérielle à partager que lui permet la poésie, alors que l’écriture d’un roman lui impose un isolement social. On sent la joie serrer ces textes.

Grisélidis Réal, Chair vive (éditions Points / Poésie, réédition 2023).152895_couverture_Hres_0 L’autrice est née à Lausanne en 1929, elle est morte à Genève en 2005. Toute sa vie elle a fait face à une répression sociale qu’elle a défiée. La colère contre l’éducation normée de sa mère, son désir réprimé, la violence des hommes qu’elle a pourtant aimés. Elle est connue pour son combat dans les années 70 pour la liberté des femmes prostituées, contre la honte sociale et la marginalisation dont elle a souffert. Ces poèmes retracent ce parcours, depuis l’adolescence en pleine guerre, lucide mais sombre, jusqu’à la vieillesse et le cancer, des poèmes crus, très beaux. En passant par la prison. La prostitution a été racontée par des poètes, si l’on pense à Baudelaire ou Verlaine, mais Grisélidis Réal marque la conscience d’une façon puissante.

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