Yorkshire Sunset

La parenthèse d’Isa 28.06.25 Poste Bancale

Diffusé le 01/07/2025

POSTE BANCALE

Elle qui se prétendait « plus qu’une banque » se révèle « moins qu’une poste ». La Poste Bancale, c’est la banque des gagne-petit… Je le sais : j’y suis ! C’est un hydre économique bicéphale, mi-poste, mi-banque, dont la moitié postale compte de moins en moins de postes et dont la bancale est plus que tout la banque des moins que rien, des peigne-culs, des traîne-patins, des trotte-menu…. Et cette cohorte qui alimente sa masse pondérale, n’est rien d’autre que le produit final, rejeté par le ventre de la postale, dont la tête impitoyablement dévore sa masse salariale.

Alès Tamaris

Passe le concours ! disait papa. Les PTT, c’est petit travail tranquille, retraite à 60 ansmais depuis que la poste est gérée comme une banque, qu’elle obéit aux impératifs des objectifs à remplir, des effectifs à réduire, les données ont quelque peu changé et papa parti n’a été remplacé que par un demi intérimaire…

Elle se croyait “plus qu’une banque ! » En fait, elle se révèle moins qu’une poste… avec d’ailleurs, de moins en moins de postes. C’est la Poste Bancale !

Comme tout supermarchéqui investit l’argent public dans des caisses automatiques— la Poste Bancale estime qu’il n’est plus besoin de payer des employés quand on a des clients assez cons pour faire le taf.

Sauf que l’algorithme a négligé un paramètre : le client de la Bancale n’est pas le couillon ravi de payer les timbres qu’il imprime, mais celui que les ordinateurs impressionnent trop pour qu’il y touche.

Plus que tout, la poste est la banque des moins que rien, des peigne-culs, des traîne-patins, des trotte-menu, des gagne-petit… Je le sais : j’y suis !

Économiquement faibles… ignorants des arcanes… dépourvus de Codevi sont à la Poste Bancale ; sans compter, parmi ces perdants, les perdus dans l’intervalle entre deux époques, obsolète et post-moderne : nés trop tard pour la retraite, trop tôt pour l’habileté naturelle au numérique…

A mesure que La Poste “s’adapte aux nouveaux usages” (comprenez qu’elle précipite le service au public dans le néant dématérialisé), le besoin d’un SAV à l’usage des nouveaux inadaptés se fait de plus en plus criant. Mais plus elle s’adapte aux nouveaux usages, moins la Bancale a de types au guichet, et plus la masse grossit de cette cohorte qui s’y presse et dont la queue s’allonge entre les PLV de papeterie fantaisie, les présentoirs de conneries dérivées, le manège de stylos et de stickers déco… jusqu’à la téléboutique, qui trône en tête de gondole !

Car oui ! trente ans après avoir coupé le cordon, les télécommunications sont revenues par la bande à la maison-mère. Il est vrai qu’à la naissance de France Telecom, la bêtise était encore naturelle mais qu’aujourd’hui, France Travail exige de chacun qu’il s’équipe smart afin de connecter son imbécillité personnelle à l’artificielle.

La poste bancale, c’est toujours moins de service postal mais toujours plus d’offres commerciales.

Évolution des pratiques… montée en gamme courrier… Fini l’écopli !

Vive l’écolopli !

Depuis qu’elle se compte comme une banque, la poste se livre à de fieffés calculs pour escamoter ses optimisations. Jonglant avec les éléments de langage, elle déploie des voiles de fumées sur les bonds tarifaires afin de les faire mieux réapparaître au yeux du public comme des “plus produits” écologiques !

Avec ça, qui dira que l’acheminement pas ?

Plus cher que le rouge d’hier qui arrivait le lendemain, aujourd’hui, le timbre ordinaire est vert ! Avec la poste, prenons le temps de savourer le présent, au rythme décroissant du slow moving !

Si le nouveau tarif J+3 ne vous suffit pas, il y a le « Service Plus » en deux jours, garanti délivré en 9 ou remboursé. C’est plus slow life. Mais c’est plus cher.

Et si vraiment vous êtes pressé, optez donc pour la e-lettre rouge ! Quoi de plus chic que d’envoyer, pour 2 €, un e-mail, qui arrivera le lendemain mais dans la boîte aux lettres ?!…

Pendant ce temps que le ralenti s’emballe, seul le préposé cycliste se doit daccélérer la cadence s’il veut boucler sa tournée matinale avant l’heure du goûter. Sous-traité comme livreur pour Amazon, le facteur ne passe plus pour une simple lettre ; encore moins pour tailler une bavette. Pas de temps à perdre, ni de petit bénéfice ! En toute franchise postale, la « Visite du facteur » se présente désormais comme un service tarifé, contractuellement fixé en fréquence et durée. Facturé en sus pour rassurer le fils, il honore la grand-mère de sa présence bienveillante (manquerait plus qu’il morde !) mais tout de même, il ne faudrait pas prendre la bienveillance convenue pour un facteur de lien social…

Moins qu’une poste, la Bancale est en-dessous de tout. Au détriment du service de proximité, elle favorise le commerce à distance. Banque préférée des Français, la poste a pour clients privilégiés les boîtes américaines dont les colis inondent le monde d’un flux sans fin. Il faut de gros paquets pour lui plaire, que ça envoie du lourd pour qu’elle puisse prendre cher.

Avec sa notion de l’échange solidaire assez particulière, le groupe Poste Bancale est un monstre schizophrène dont les deux hypostases s’arrangent entre elles pour agir selon une logique propre. La banque s’occupe du chiffre, et les lettres reviennent à la poste. Ensuite, tous comptes faits, le résultat d’exploitation du courrier est réparti : les bénéfices sont pour la banque, les pertes, pour la poste. Quant au courrier perdu, n’en parlons plus !

Au sein du groupe, on partage tout, pertes et profits ! Et les profits de la Bancale sont d’autant plus massifs que l’État éponge chaque année les dettes de la pauvre Postale avec un bon gros milliard…

Cet hydre économique bicéphale, mi-postal, mi-bancal, dévore sa masse salariale pour engraisser sa pondérale. Il s’y entend pour transformer les facteurs en chômeurs ou, comme à Tamaris, les épiciers en postiers d’occasion. Régulièrement, il livre son quota de victimes à France Travail, sa complice, laquelle fait contrôler par son IA l’activité du lot en ligne.

Lorsque son algorythme — mal branlé car trop biaisé — désigne un élément « coupable d’impéritie numérique » pour n’avoir pas répondu aux messages déposés dans son espace personnel, l’impénitent rebelle, privé de subsides, est retourné à l’envoyeur où, ravalé à moins qu’un usager, il demeure interdit.

Il va comprendre comment ça marche, dans le monde réel dématérialisé, quand le papier recommandé va se mettre à pleuvoir dans sa boîte. Celui de la France Travaille, d’abord, qui lui signifie sa radiation. Puis chaque mois, ceux de la Bancopostale, dont les deux têtes travaillent main dans la main pour, de l’une, ponctionner le compte de l’impécunieux afin de lui délivrer de l’autre la lettre (verte) qui lui signifie qu’il est dans le rouge.

Avec la poste Bancale — la préférée des Français qui comptent pour des prunes — au bout du bout final, celui qui reçoit grave, c’est, plus que tout, le moins que rien.

 

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