Une histoire de bulles 230420

Diffusé le 23/04/2020

Quelqu’uns des autres éditeurs

Au début de l’âge d’argent, l’éditeur Dell Comics reste l’éditeur le plus important du marché, devant DC et Marvel. Ses comics, qui reprennent des personnages existant; Walt Disney’s Comics and Stories se vend à plus de 3 millions d’exemplaires en 1953.

En 1955, Dell publie plus de la moitié des comics qui paraissent aux États-Unis.

Cette période faste cesse dans la deuxième partie des années 1950.

Archie Comics se concentre sur ses comics humoristiques mettant en scène des adolescents, dont le plus célèbre est Archie Andrews. Les ventes des comics d’Archie se maintiennent à un niveau élevé, avec un peu plus de 480 000 exemplaires par mois en 1967, soit la cinquième place des ventes sur l’année. Archie Comics tente de profiter de l’engouement pour les super-héros en créant de nouveaux personnages comme The Fly de Joe Simon et Jack Kirby en 1959, ou bien en relançant des super-héros de l’âge d’or comme The Shield.

Ces séries ne connaissent cependant pas un grand succès et ont toutes disparu en 1967.

Warren Publishing est fondé en 1958 par James Warren et publie, à ses débuts, un magazine consacré aux monstres de cinéma nommé Famous Monsters of Filmland, en parrallèle du gros boom des films d’horreur avec une compagnie dont les acteurs vedettes sont Petr Cushing et Christopher Lee.. Le succès de cette revue amène la création de Favourite Western of Filmland dont le rédacteur en chef est Harvey Kurtzman. Après l’arrêt de ce magazine, Kurtzman devient responsable d’un nouveau magazine humoristique intitulé Help!. Bien qu’il ne soit pas exclusivement un magazine de bande dessinée, plusieurs auteurs comme Jack Davis et Will Elder, deux anciens dessinateurs ayant travaillé pour EC Comics (maison édition fondée par Max Gaines en 1945 et dont les parutions comics disparaissent avec le Comic Code ne reste alors que Mad) comme Kurtzman, y publient des strips. Après un changement de rédacteur adjoint, le nombre de bandes dessinées présentes augmente. De nouvelles figures apparaissent comme Gilbert Shelton, Robert Crumb ou Skip Williamson, futurs vedettes des comics underground. Warren Publishing édite par la suite Famous Films, un autre magazine où la bande dessinée est très présente avec des dessinateurs comme Wally Wood et Joe Orlando, deux autres anciens de EC. James Warren décide alors de publier davantage de magazines de bande dessinée: Creepy débute en 1964 et Eerie en 1966. Ces deux magazines sont constitués de récits d’horreur dans la tradition de ceux publiés par EC.

Un autre éditeur publie aussi des récits d’horreur: Eerie Publications . Ses magazines sont de moins bonne qualité que ceux de Warren. La plupart des récits sont des rééditions issus des fonds d’éditeurs disparus. Le propriétaire d’Eerie, Myron Fass, rachète les planches ou les clichés utilisés pour imprimer les comics et les fait redessiner en ajoutant le plus possible d’éléments horribles, faisant tendre ces magazines vers le gore.

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La naissance des comics underground

Dès 1959, Gilbert Shelton dessine les aventures de Wonder Wart-Hog (en français, Super Phacochère.

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Les premières bandes dessinées de contre-culture ne possèdent pas encore de titres à elles et paraissent dans des journaux underground comme le East Village Other ou dans des fanzines.

En 1964, Jack Jackson publie (sous le pseudonyme de Jaxon) ce qui est considéré comme le premier comics underground, God nose (snot reel) imprimé à 1 000 exemplaires. Les principaux points de rencontre des auteurs de comix sont alors Austin, au Texas, et la Californie. Leurs productions sont éditées et diffusées de manière confidentielle, et ils dépendent du soutien des propriétaires de magasins spécialisés dans la contre-culture ou des tout premiers magasins de comics, comme celui de Gary Arlington à San Francisco, ouvert en 1968. L’accès à ces œuvres ne se fait donc pas par l’intermédiaire des kiosques, mais par un circuit de distribution parallèle relayé par la diffusion sur les campus.

Cela signifie une impression en quantité limitée, ce qui n’empêche pas ces comix d’avoir une influence importante.

Les comix sont le moyen pour de nombreux auteurs de diffuser leurs bandes dessinées. Parmi ceux-ci, on trouve on trouve Robert Crumb qui publie en 1967 Zap Comix. Le premier numéro est imprimé à 5000 exemplaires, distribués dans des head shops et chez des disquaires.

Le succès de ces comix entraîne la création des premières maisons d’édition spécialisées dans ce genre. Tout à la fin des années 1960, alors que les comics traditionnels s’essoufflent, les comics underground connaissent leur âge d’or.

Trash, provocateurs, ces comics abordent sexe, politique et drogue d’une manière qui n’a rien à voir avec ce qu’on peut voir dans la production grand public.

Ici aucun tabou.

Les sujets traités sont plus sociaux, plus politiques les auteurs sont plus libres.

Ils ont décidé de s’affranchir du comic code. Ils paraissent sans son approbation et son label et les lecteurs le savent.

Les comics underground (surnommés comix), généralement publiés en noir et blanc, avec une couverture en couleurs sur papier glacé, reflètent la contre-culture de l’époque.

Au contraire des publications de DC ou Marvel qui visent un lectorat d’enfants ou d’adolescents, les comics underground s’adressent à des adultes; ils se différencient des autres bandes dessinées par la critique sociale et politique qui forme la base de leurs discours.

Ils sont l’œuvre d’un artiste unique et sont, à l’origine, édités dans de faibles tirages pour une distribution confidentielle.

On peut retenir de ces comix ceux de Robert Crumb et Gilbert Shelton se distinguent des autres.

Robert Crumb

Robert Crumb

Gilbert Shelton

Gilbert Shelton

 

Play-list :

Humming blues de Robert Crumb 2’54

 

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[PODCAST]